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Les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d'Espoirs

Blog destiné à l'information et à la formation aux principes, éthiques et techniques de la permaculture. Un jardin, un potager design et facile pour les nuls et les pros. Des histoires, de l'histoire, du politique et du sociétal, des coups de gueule et des coup d'amour, mais toujours tourné vers les beautés de la nature, de la biodiversité, de l'écologie, du vivant et de l'humain.

LES PETITES CHRONIQUES PERMA #29 LES LIMACES ET MOI, NUISIBLES OU AUXILIAIRES ? THAT IS THE QUESTION

Nuisibles ou auxiliaires ?

La frontière est parfois mince entre les deux.

Tout est en fait question de point de vue.

 

« Le renard est venu me manger 3 poules cette année au poulailler, j'ai donc fait l'acquisition de pièges physiques et de boulettes empoisonnées pour m'occuper de lui », m'a dit hier Gilles, mon voisin préféré.

Certes, dans ce cas, le renard est un nuisible car il s'est attaqué à ses poules et à contribuer à la diminution de sa consommation d’œufs frais.

Mais ce même renard à cette année mangé 10.000 campagnols qui sinon se seraient attaqués aux racines de mes légumes et auraient bouffé mes pommes de terre.

Sur ces 10.000 campagnols, combien étaient infestés de tiques ?

Le renard en les ingérant avec les campagnols a évité à mes chiens d'être attaqués par les tiques, ce qui m'aurait coûté une petite fortune en frais vétérinaire, mais il m'a également évité d'avoir moi aussi des tiques et il m'a donc, peut-être, évité d'avoir la maladie de Lyme.

Comme on peut le constater, de ce point de vue, le renard est un auxiliaire plus que précieux qui régule à lui seul, naturellement et gratuitement, 2 ravageurs tout en nous protégeant d'une maladie invalidante.

Que faire pour bénéficier des bienfaits du renard tout en nous prémunissant de ses quelques méfaits ?

Tout d'abord, protéger les abords de notre terrain en plantant des haies denses, touffues et défensives. (Voir nos articles sur les haies....)

Ensuite, protéger les abords du poulailler en y plantant une haie moyenne et une basse constituées de plantes touffues, épineuses et à petits fruits que nos poules viendront picorer au travers du grillage.

Enfin, se souvenir de l'écologie des poules qui sont des oiseaux originaires d'Asie et qui vivent en lisière de forêt, en plantant dans l'enceinte de leur enclos et de leur parcours des arbres à branches basses, quelques arbustes épineux et des fruitiers grâce auxquels elles pourront se réfugier hors de portée des crocs de maître Goupil et picorer des fruits juteux pour améliorer leur ordinaire.

Tant qu'à faire, plantez près du poulailler proprement dit de la mélisse, de la menthe et de la tanaisie avec lesquels vous pourrez faire le paillage, la litière de vos poulettes car ces plantes éloignent les poux rouges qui les parasitent.

Des solutions simples, peu onéreuses et qui remplissent plusieurs fonctions, l'un des principes de la permaculture.

Ainsi nous aurons créé un cercle vertueux respectant mister renard tout en le tenant à distance.

 

« Et pour les limaces ? Que puis-je faire car elles mangent tous mes jeunes et tendres plants et se régalent de mes semis au fur et à mesure de leurs levées ? » me demanda alors Gilles.

 

« Comme tu le sais mon Gillou, lorsque j'ai commencé à aménager mon jardin, j'ai eu moi aussi, des problèmes de limaces, mais j'ai mis en place certaines choses qui font que, désormais, je suis arrivé à un certain équilibre qui me permet de vivre avec sans avoir de dégâts trop important sur mes cultures. C'est ce que je vais essayer de t'expliquer ici et maintenant. »

 

« Alors commençons par le commencement. »

LES PETITES CHRONIQUES PERMA #29 LES LIMACES ET MOI, NUISIBLES OU AUXILIAIRES ? THAT IS THE QUESTION

Avant de savoir ce que l'on doit faire des limaces et de comment les gérer au jardin, il est important de savoir qui elles sont, d'où elles viennent, comment elles vivent, ce qu'elles aiment et n'aiment pas.

Bref, connaître même succinctement l'écologie des limaces.

 

Limaces et Escargots (leurs cousins) sont des Mollusques, Gastéropodes (qui ont l'estomac dans le pied), Stylommatophores (porteurs d'un stylet).

 

Leurs ancêtres étaient des Gastéropodes aquatiques dont les branchies ont évolués en poumons, ce qui leur a permis d'arpenter la terre ferme au Crétacé, il y a environ 145 Millions d'années donnant naissance au groupe Hélix, les actuels escargots, dont certains se sont, avec le temps, débarrassés de leur coquille gagnant en liberté de mouvement et s'affranchissant également des besoins en calcium nécessaire à la fabrication de la coquille.

De leurs ancêtres aquatiques, elles ont gardées une certaines dépendance à l'humidité et à la fraîcheur ambiante, c'est pourquoi elles passent 90 à 95% de leur temps dans le sol et qu'elles ne sortent que la nuit ou par temps frais et humide, d'où le fait qu'on les observe, elles et leurs dégâts, principalement au Printemps et à l'Automne.

 

Lors du déplacement des gastéropodes, une glande spéciale située sur l'avant du pied secrète un mucus lubrifiant qui leur permet d'avancer en glissant. Selon les espèces, elles avancent entre 2 et 7 mètres par jour.

Ce mucus hautement visqueux protège les limaces et les escargots de la déshydratation et leur assure une protection contre les diverses infections de par ses propriété antibiotiques.

 

Il existe différentes espèces de limaces ayant des régimes alimentaires très variés.

Elles peuvent être phytophages (végétaux vivants, algues, mousses), carnivores, nécrophages (cadavres), mais elles sont principalement mycophages (champignons) et détritivores (déchets et excréments).

Une limace est capable d'ingérer la moitié de son poids en une seule nuit. C'est dire leur voracité légendaire.

Comme elles ne produisent ni bile, ni sucs digestifs, l'assimilation des aliments se fait grâce à des levures (des champignons Ascomycètes) présents sur les matières consommées. Ces champignons produisent des enzymes qui déclenchent des réactions chimiques, les diastases, qui dégradent les sucres complexes en sucres simples.

On retrouve ces levures en fortes concentration sur les Brassicacées (la famille du chou), sur les céréales en cours de germination et lors de la fabrication de la bière.

C'est ce qui explique la très forte attirance des limaces vers ces aliments.

Elles repèrent leur nourriture grâce à leurs organes olfactifs et à des papilles gustatives.

 

Les limaces sont de précieux auxilliaires en étant les principaux agents du recyclage de la nécromasse avec les champignons en s'attaquant aux matières mortes dès le début de leur décomposition lorsqu'elles sont encore gorgées d'eau ou en cours de flétrissement.

En s'attaquant aux matières affaiblies par une attaque microbienne ou fraîchement morte, elles permettent de réguler le développement des agents pathogènes.

Elles s'attaquent aussi aux plantes stressées comme les plantes récemment replantées qui subissent un stress hydrique du fait de leur système racinaire non encore installés ce qui a pour conséquence d'attirer les limaces.

Le mucus que les gastéropodes laissent dans leur sillage est constitué d'eau mais aussi d'une association de sucre et de protéines (les glycoprotéines) à la texture collante et qui joue un rôle essentiel de liant et d'hydratant pour les sols en favorisant le stabilisation du Complexe Argilo-Humique (CAH). Ce mucus est également un « terreau fertile » pour le développement des champignons.

De plus, les limaces ne digérant pas les champignons qu'elles ingèrent, jouent un rôle, lui aussi essentiel, dans la dissémination des spores de champignons qui se retrouvent dans leurs excréments qui sont un mulch prédigéré facilement accessible aux bactéries et aux champignons.

Enfin, le déplacement des limaces qui se cachent dans le sol permet la création de galeries bénéfiques pour l'aération du sol.

 

Les limaces possèdent de nombreux prédateurs parmi lesquels on trouve différentes espèces de carabes, de myriapodes (mille pattes), des larves de lampyre (vers luisant), d'autres limaces (limace léopard), les escargots de Bourgogne, des faucheux, des oiseaux (dont les poules), les taupes, les hérissons, les musaraignes, les blaireaux, les rats, les crapauds et les grenouilles, les orvets et les lézards.

 

« Maintenant que l'on sait tout ou presque sur les limaces, tentons de voir Gilles comment faire pour gérer au mieux, et dans l'intérêt du vivant et de l'équilibre écosystémique, la problématique limace. »

 

« Les limaces sont des acteurs important du réseau trophique des écosystèmes et chercher à les éradiquer seraient vain et inutile, mais en plus, carrément contre-productif.

En se servant de ce que l'on vient de voir, il existe des solutions de moyen et long terme à mettre en place afin de pouvoir vivre avec les limaces et non plus lutter contre elles. »

 

Pourquoi à un moment donné dans la mise en place d'un jardin y a t-il profusion de limace ?

 

¤ Cela peut être du à un excès ou à un apport récent d'une grande quantité de matières organiques en surface (BRF, mulch frais,....) qui entraîne une prolifération de limaces et d'escargots au départ.

¤ Cela peut être du à une végétation malade ou stressée (repiquage, transplantation, manque ou excès d'eau,...)

¤ Cela peut être du à une humidité excessive de la litière, du paillage que l'on a installé auquel cas il convient de découvrir temporairement le sol.

¤ Cela peut être du à un manque important de matières en décomposition dans le sol suite à un désherbage qui n'aurait pas laissé les racines dans le sol et qui occasionnerait alors un début de famine dans la galaxie « limace ».

¤ Cela peut être du à un manque de végétation dans et autour de la zone que l'on souhaite cultiver.

¤ Cela peut être du à un manque de champignons dans le sol, hors ceux ci sont la nourriture préférée des limaces.

¤ Cela peut être du à un manque, oh combien cruel, de prédateurs naturels des limaces.

¤ Cela peut être du, notamment dans les premiers temps après la mise en place des zones de cultures, à un mix de tous les autres points.

 

Il suffira alors de mettre en place un certain nombre d'actions simples afin de pouvoir vivre avec les limaces.

 

¤ Planter, semer plus que nécessaire à nos propres besoins et ce afin d'en laisser une partie à l'appétit des limaces.

¤ Composer avec cette « ennemie historique » des jardiniers en les nourrissant et en leur aménageant des endroits douillets, comme un parterre de colza, de moutarde, d’hostas, de dahlias, de radis, de zinnias, de delphinium, de consoude, de roses trémières, de tournesol et de brassicacées dont elles raffolent et où elles pourront se régaler.

¤ Créer des barrières olfactives pour les tenir éloignées à l'aide de plantes répulsives comme la bourrache, les tagètes, l'ail, l'oignon, le persil, les pommes de terre, le gingembre, l'armoise, la civette, l'hysope, la digitale, la menthe, le fenouil, le cassis et tant d'autres.

¤ Privilégier les semis direct précoces de printemps et d'automne afin que les plants aient le temps d'être assez vigoureux avant l'arrivée des limaces.

¤ Éviter les repiquages et les transplantations lors des pics de présence des gastéropodes.

¤ Par temps chaud, si l'on doit arroser, faire plutôt un arrosage léger à la fraîche, les limaces resteront planquées durant la journée et les plantes auront malgré tout un accès à l'eau avant qu'elle ne s'évapore sous les ardents rayons du soleil.

¤ Faire des « lâcher » de poules ponctuellement au potager, elles s'occuperont des limaces et de leurs œufs dont elles sont friandes.

¤ Tant que le jardin n'a pas encore trouvé son équilibre écosystémique, éviter les plantes sensibles aux limaces.

 

 

« Bon c'est très bien ce que tu me dis la Marc, je vois que les limaces sont des nuisibles pour nos cultures sensibles mais, en même temps, des auxiliaires importants et indispensables pour la création du Complexe Argilo-Humique, pour la dissémination des champignons notamment mycorhiziens, mais aussi pour le décomposition de la biomasse morte et la limitation des maladies cryptogamiques. Mais moi, afin de lutter contre leur côté nuisible, je mets les cendres de ma cheminée et des coquilles d’œufs de mes poules, ça marche,.... un peu,.... mais pas trop... »

 

« Écoutes Gilles, oublies toutes ces bêtises de sable fin, cendres, coquilles broyées, pièges à bières qui tuent plein de bestioles et qui ne font qu'attirer plus de limaces chez toi, oublies ces terres de diatomées et autres poudres de perlimpinpin qui ne sont que des pis-aller et des non-solutions. »

 

« Pour arriver à contrôler les limaces, il faut une paire d'années (ou un peu plus) pour mettre en place un mix des différentes solutions que je t'ai listé, en plantant par exemple des répulsives au milieu de tes sensibles et en laissant des bandes en herbes dans lesquels pousseront des plantes attractives pour les limaces tout en ayant des zones d'habitations pour leurs prédateurs proches de tes massifs de légumes. D'ailleurs, si tu dissémines des légumes un peu partout dans ton jardin, au pied de tes arbres, dans tes massifs de fleurs,..... les limaces finiront par ne plus trop savoir ou donner de la tête. »

 

 

« Tu vois Gilles, encore une fois des solutions simples, peu onéreuses et qui remplissent plusieurs fonctions, l'un des principes de la permaculture.

Ainsi nous aurons créé un cercle vertueux respectant les limaces tout en réduisant considérablement les dégâts qu'elles peuvent occasionner dans nos cultures »

 

Hervé Coves, ingénieur agronome et défenseur d’une vision holistique de la vie, aime à rappeler que la vie est belle. Chaque être a sa place sur terre. Apprendre à travailler avec la nature est un processus complexe qui demande connaissance, tolérance et humilité.

Alors remercions les limaces pour cette leçon de permaculture.

 

 

Bon à savoir : Une limace peut pondre entre 100 et 500 œufs, elles peuvent générer jusqu'à 2 générations par an et ont une durée de vie comprise entre 9 et 18 mois selon les espèces.

Marc et Naomi pour les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d'Espoirs

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Toutes les images ont été glanées sur internet via google images sauf celles prises par nos soins, lorsqu'il y en a.

Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Limace

https://springday.fr/controle-limaces/

https://chezleperemagraine.com/blog/micro-macro-limaces/

Les conférences d'Hervé COVES disponibles sur YouTube

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