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Les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d'Espoirs

Blog destiné à l'information et à la formation aux principes, éthiques et techniques de la permaculture. Un jardin, un potager design et facile pour les nuls et les pros. Des histoires, de l'histoire, du politique et du sociétal, des coups de gueule et des coup d'amour, mais toujours tourné vers les beautés de la nature, de la biodiversité, de l'écologie, du vivant et de l'humain.

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

« Ils étaient dans l'habitude de couper de jeunes arbres, de les courber, d'y placer transversalement de nombreuses branches, et d’entremêler le tout d’épines, afin qu’à l’instar d’un mur, ces haies leurs servissent de retranchements, à travers lesquels il n’était possible ni de pénétrer, ni même de rien voir ».
Jules César, «La guerre des Gaules»

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

Après l'effondrement, en 2038, le chaos s'était répandu sur la planète.

Les habitants des méga(lo)poles en ont été les premières victimes.

Dans les semaines qui ont suivi l'effondrement de la société, les approvisionnements en nourriture ont cessé. Cela a entraîné des scènes de paniques, des pillages de magasins alimentaires et, dès les premiers mois, les premières émeutes de la faim.

Les pouvoirs en place se sont durcis et fascisés et les répressions policières ont été particulièrement violentes avec tirs à balles létales et, pour finir, intervention de l'armée.

Rapidement on a assisté à un exode urbain massif dans lequel les populations affamées et déconcertées se sont répandues dans les campagnes comme des vols de sauterelles.

Dans les premières années, alors que l'on pouvait encore trouver/voler un peu d'essence, des hordes de pillards, organisés en bandes concurrentes, ont sillonnés les routes.

Piller, tuer, violer.

Violer, piller, tuer.

Piller, tuer, violer.

Tel semblait être leur maître-mot.

Piller, tuer, violer.

Des cadavres s'amoncelaient un peu partout dans le monde et, comme il n'y avait plus personne pour s'en occuper, les morts ont commencé à pourrir à ciel ouvert.

Des maladies, que l'on croyaient jusqu'à la disparues, se sont répandues en pandémies incontrôlées et incontrôlables.

Plus de la moitié de la population mondiale a disparues en quelques décennies suite à la guerre civile mondialisée qui a suivi l'effondrement.

 

Fort heureusement, pour ma famille et moi-même ainsi que tout mon village, nous étions préparés et n'avons pas eut à subir toutes ces violences.

Nous avons vu venir des citadins, nous les avons accueillis parmi nous, nous les avons nourris, certains d'entre eux se sont installés avec nous et leurs descendants font toujours partis de notre communauté, d'autres ont essayés de nous voler et quelques uns d'entre eux ont finis au grand compost.

Nous avons également eu notre lot de bandes de pillards et ceux là, nous avions de quoi nous en occuper.

Comme je vous l'ai déjà exposé dans un autre de mes écrits/souvenirs, mon ancêtre avait préparé un immense terrain une quinzaine d'années avant l'effondrement.

 

Voici donc comment mes ancêtres ont planté nos haies plessées qui sont à la fois une défense contre les intrus en tous genres, une barrière pour éviter que nos animaux d'élevage ne se sauvent ou ne viennent dévorer nos cultures et un réservoir de biodiversité ainsi que des corridors écologiques.

Le plessage est une très ancienne technique de conduite des haies champêtres, qui consiste à entailler les jeunes rameaux, pour les plier vers l’horizontale afin de constituer une clôture vivante efficace. Cette opération s’effectue en hiver pendant la période de dormance de la végétation.

 

Au Néolithique, les peuples chasseurs-cueilleurs sont devenus agriculteurs-éleveurs. Ils ont du faire face à un problème majeur : contenir le bétail dans des enclos suffisamment hermétiques pour éviter sa divagation mais aussi protéger les cultures des dégâts occasionnés par les animaux sauvages ou domestiques, et accessoirement, empêcher les voleurs de bétails d'exercer leurs rapines.

La première solution a certainement été de construire des murets de pierres sèches là où la matière première abondait. Les murets se couvraient rapidement d'un boisement naturel d'épineux qui renforçait leur vocation défensive.

Là où le bois était disponible en quantité, la confection de palissades de branchages tressés était d'usage. Ces palissades portent le nom de "haies sèches" ou "haies mortes".

Ce type de clôture, bien qu'il ait l'avantage de l'efficacité, n'est que peu durable et doit être remplacé régulièrement. L'importante consommation de bois nécessaire à la construction et à la maintenance de ces ouvrages se faisait au détriment des réserves.

Certains ont commencé la plantation d'arbres et arbustes vivants pour la réalisation des clôtures. Les haies de bois vif ne demandant pas plus de travail et étant plus pérennes que les haies de bois mort. Ainsi sont apparues les premières "haies vives".

La haie vive a un inconvénient majeur : son homogénéité n'est pas toujours parfaite, et c'est surtout au pied des haies que les dégradations sont les plus marquées.

Les végétaux se dégarnissent à la base, certains arbustes meurent ou sont broutés par le bétail, les animaux profitent bien souvent de ces faiblesses pour retrouver leur liberté.

Les paysans ont donc imaginé une technique de conduite et d'entretien de la haie : le "plessage " (plissage) ou "tressage" des haies vives.

La technique du plessage a semble-t-il été pratiquée partout où la haie était utilisée pour le pacage des animaux domestiques, le côté naturellement défensif des épineux étant renforcé par le tressage des végétaux. Les techniques étaient cependant différentes d'une région à l'autre et elles variaient également en fonction des essences travaillées : chêne et noisetier dans le Morvan, hêtre en Normandie, aubépines et prunellier en Flandres et Avesnois.

Dans le cas de mon trisaïeul, il fit d'abord une haie sèche avant de planter de part et d'autres les végétaux nécessaires à ses premières haies défensives, plessées et bien épineuses.

 

Les essences utilisées

 

Toutes les essences rencontrées habituellement dans les haies se prêtent au plessage. Les épineux tels le prunellier ou l'aubépine subissent sans dommage le "pliage" et repartent avec vigueur, ils forment des clôtures défensives extrêmement efficaces. Le charme, le chêne, l'érable champêtre... cicatrisent bien quand la plaie de taille est nette. Quant aux arbustes comme le cornouiller, le troène la viorne... s'ils ne possèdent pas de brins suffisamment droits et flexibles pour être pliés, ils seront recépés à leur base.

 

¤ Le chêne pédonculé Quercus robur

Le chêne est un arbre qui aime le soleil, et qui convient bien à toutes sortes de sol, y compris aux sols argileux et lourds. Cette espèce est commune partout en plaine sauf dans la région méditerranéenne. Cet arbre peut être mené de toutes les manières : en haie basse, haie plessée, émonde, têtard, haut jet. Il supporte bien les tailles répétées, bien qu’il soit assez sensible à l’oïdium après une taille sévère, et il rejette bien de souche. Les rameaux sont souples et faciles à plesser. On les utilise également pour faire des liens. Si l’arbre est taillé, son bois est un excellent bois de chauffage, dense et calorifère. Les bûches sont faciles à fendre.

Pour distinguer le chêne pédonculé du chêne sessile, il faut se souvenir que ce sont les glands qui sont pédonculés ou non. Le chêne rouvre ou chêne sessile (Quercus petraea ou sessiliflora) est celui dont les glands sont attachés près de la branche.

 

¤ Le charme Carpinus betulus

Cette espèce est commune sauf en Bretagne, en basse Normandie, dans le sud-ouest et en montagne. Elle préfère la mi-ombre et les sols secs. Son écorce est lisse comme celle du hêtre, mais ses feuilles sont finement dentelées. Le charme peut se prêter à toutes les tailles, et permet d’obtenir toutes les formes désirées de haies, avec l’avantage que sa croissance est lente et qu’il rejette abondamment de souche. Ses branches sont nombreuses. Les rameaux sont souples, et faciles à ployer. Ses feuilles restent en place tout l’hiver : elles sont marcescentes ce qui apporte un attrait supplémentaire à la haie. Coupé pour le combustible, le bois est très dense et calorifère. Il brûle lentement avec une flamme vive. Il est difficile à fendre.

 

¤ L’érable champêtre Acer campestre

C’est un petit arbre, à croissance lente, qui rejette très bien de souche. Son écorce est liégeuse, les rameaux sont opposés. C’est une espèce commune sauf en méditerranée et dans les Landes. On ne la trouve pas sur des sols acides. C’est une plante très mellifère. L’érable champêtre est l’espèce d’érable la plus présente dans les haies. Les rameaux d’érable champêtre ont l’inconvénient d’être cassants. Ils sont donc plus difficiles à plesser. Le bois est dur et homogène. C’est un bon combustible.

 

¤ L’aubépine ou épine blanche Crataegus monogyna ou laevigata

Cet arbuste a une grande longévité puisqu’il peut vivre jusqu’à 500 ans. Il peut être facilement taillé et rejette de souche. Il est néanmoins impossible à trouver en pépinière dans les régions où sévit le feu bactérien. Sinon c’est une espèce que l’on trouve partout.Les fleurs sont très odorantes. La floraison printanière est remarquable et couvre la haie d’un blanc neigeux. En automne les fruits rouges et abondants, appelés cenelles, colorent gaiement les haies et en hiver nourrissent les oiseaux. Les rameaux d’aubépine ont l’inconvénient d’être cassants. Dans les haies, l’aubépine est préférée au prunellier car elle ne drageonne pas. Pour marquer les limites de propriété, elle est donc mieux adaptée, sans compter que les piqûres de ses fortes épines sont moins douloureuses que celles de l’épine noire.Les fagots d’épine blanche sont plus réputés pour le four à pain que l’épine noire car son bois est plus dense. C’est un bon combustible. Le fruit de l’aubépine monogyne ne donne qu’une graine.

 

¤ Le prunellier ou épine noire Prunus spinosa

C’est un arbrisseau touffu, très commun, sauf sur les sols acides, qui drageonne très vigoureusement. Il est donc relativement difficile à contenir dans les haies, mais il constitue des haies défensives efficaces. Les rameaux sont utilisés pour la parure du plessage. Ses fruits sont appréciés des oiseaux. L’extrémité de l’épine lorsqu’elle est sèche, se brise dans la chair et ne ressort pas. Elle devient alors une source d’infection qui peut durer des mois. Si la plaie n’est pas ouverte pour en extraire le débris ligneux, le risque de tétanos est réel.

 

¤ Le noisetier ou coudrier Corylus avellana

C’est une espèce commune sauf en méditerranée, aimant l’humidité, l’ombre ou la mi-ombre. Certaines variétés sont améliorées pour produire de plus grosses noisettes. Il rejette de souche abondamment et drageonne en produisant de longues perches droites. Ces rameaux sont très utiles pour faire des tuteurs ou des éléments de clôtures, mais aussi les longues gaulettes pour parer la haie en fin de plessage. Le bois de noisitier est un assez bon combustible. Le noisetier est idéal pour le plessage, car les rameaux sont souples, et faciles à ployer.

 

¤ Le frêne Fraxinus excelsior

C’est une espèce commune sauf en méditerranée, qui affectionne les terrains plutôt humides. Les bourgeons, de couleur noire, sont sensibles aux gelées printanières, qui provoquent la formation de branches fourchues. Il n’est pas conseillé dans les haies car il a une croissance très rapide, mais il a l’avantage de rejeter de souche abondamment. e bois est très souple et élastique, très appréciable pour fabriquer des manches d’outils.Le feuillage constitue un excellent fourrage pour les animaux. Les feuilles, les fruits et les écorces possèdent d’ailleurs de nombreuses propriétés médicinales.Le bois est un très combustible.

 

¤ Le châtaignier Castanea sativa

Cette espèce est fréquente au sud et à l’ouest mais rare au nord et nord-est. Elle aime la chaleur et les terres assez acides et sableuses. Le châtaignier a une croissance assez rapide. Il est mené aussi bien en arbre de haut jet qu’en cépée. Il produit non seulement du bois pour les piquets mais aussi des fruits surtout lorsqu’il est greffé. C’est une plante mellifère Le bois de châtaignier étant insensible à la pourriture, les piquets sont très appréciés car ils durent longtemps. Le bois se travaille bien et se débite facilement par fendage. Mais c’est un bois de chauffage moyen, qui projette des escarbilles.

 

¤ Le saule blanc ou osier Salix alba

C’est un petit arbre à croissance rapide, que l’on trouve partout, surtout sur des terrains humides ou au bord de l’eau. C’est une plante mellifère à floraison précoce. Le bois est peu dense, léger et tendre, facile à fendre. Les rameaux sont très utilisés en vannerie, ou pour faire des perches, des échalas, des fascines pour limiter l’érosion des berges.C’est un combustible médiocre. Mais comme il brûle très rapidement, il est utile dans les fours où il fait vite monter la température. Les rameaux sont souples, souvent utilisés pour faire des liens. Mené en têtard, il fournit tous les ans de l’osier pour la vannerie.

 

¤ Le merisier ou guigne Prunus avium

C’est une espèce commune sauf en méditerranée, et qui préfère la mi-ombre. Elle pousse bien sur des sols argileux. Les branches sont souples et se courbent bien. Mais comme tous les fruits à noyaux, cet arbre n’apprécie guère les tailles sévères car il gomme, c’est-à-dire qu’il perd une sève épaisse à l’endroit de la coupe. En outre le bois est un combustible médiocre.

 

¤ Le hêtre ou fayard Fagus sylvatica

Cette espèce a besoin de précipitations abondantes et d’une humidité atmosphérique élevée. On la rencontre plutôt dans le nord. Elle préfère l’ombre.Le hêtre rejette mal de souche. Il est rarement mené en têtard sauf en Angleterre. Le bois se travaille bien. Il a une croissance rapide. Les rameaux sont souples et agréables à plesser. C’est un excellent bois de chauffage.

 

¤ Le fusain d’Europe ou bonnet d’évêque Euonymus europaeus

C’est un arbuste très commun sauf en méditerranée. Les fruits sont roses, à 4 loges, et laissent voir quand ils s’ouvrent 4 graines orangées qui persistent longtemps sur l’arbuste. Ces fruits sont toxiques. Le fusain rejette de souche, mais les tiges sont ramifiées et rigides. Le bois est très fin, homogène et d’une couleur jaune soufre. Il est tendre, et est apprécié par les dessinateurs quand il est carbonisé en vase clos pour faire du « fusain ».

 

¤ Le cornouiller sanguin ou bois puant Cornus sanguinea

Cette espèce est très commune. Les tiges, opposées, deviennent rouges à la lumière. La plante est mellifère. Elle rejette de souche, se marcotte et drageonne. Elle est appréciable pour densifier la base des haies. Les jeunes rameaux sont souples et utilisés en vannerie, mais les rameaux plus anciens sont difficiles à plesser.

 

¤ Le sureau noir Sambuscus nigra

C’est une espèce commune sauf en méditerranée, et sauf sur sols acides ou pauvres, qui peut vivre jusqu’à 100 ans. Le sureau rejette de souche. Les feuilles sont opposées. Cet arbuste apprécie l’humidité et même les bords de rivière. Les oiseaux apprécient ses fruits. Les jeunes rameaux comportent une moelle blanche.

 

¤ Le troène ou frézillon Ligustrum vulgare

C’est une espèce commune à basse altitude. Elle rejette et se marcotte facilement. Les jeunes rameaux et les feuilles sont opposés. Les petites baies noires persistent une partie de l’hiver. Les branches de troène, souples, servaient à la confection de paniers pour le séchage des fruits. Elles sont aussi récoltées pour faire des échalas.

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

Comment pratique-t-on ?

 

Le but recherché dans une opération de plessage est d'obtenir, à partir d'une haie ayant perdu son efficacité en tant que limite infranchissable, une nouvelle clôture homogène, bien fournie depuis la base et dont les branches, travaillées comme une vannerie forment un obstacle pour les animaux domestiques même les plus petits (moutons, chèvres,...).

 

Seules les haies libres pouvant offrir des baliveaux de 2.5 à 3.5 mètres de hauteur et de 50 à 100 mm de diamètre conviennent au plessage. Une haie basse taillée devra pousser librement pendant 3 à 4 ans avant d'être travaillée quand bien même le "repliage" des haies peut ne se faire que tous les 9 à 10 ans.

Le plessage se pratique pendant la période hivernale d'octobre à avril. On évite les périodes pluvieuses car la pluie, en détrempant les gants de cuir les rend plus vulnérables aux épines.

 

L'opération se fait en plusieurs étapes.

¤¤ On prépare d'abord des piquets de coudrier, de saule, de chêne ou de châtaignier dans les régions où il est présent, (le bois de châtaignier est très résistant), ces piquets seront refendus si nécessaire.

On prépare également de longues badines souples de noisetier ou de saule.

 

¤¤ Ensuite, on vient « nettoyer » la zone de travail, afin de pouvoir accéder facilement à l’ensemble des arbres présents dans la haie. Il s’agit de venir enlever les ronces, orties et autres broussailles présentes au niveau du pied de la haie et dans le branchage (si nécessaire) à l’aide principalement d’un croc, d’une faux et d’un râteau.

La haie brute est, elle aussi, «nettoyée» puis elle est "dégarnie".

Une bonne part des branches et branchettes ainsi récoltées nous servent de fagots de petit bois pour le feu, de manches pour nos outils, mais aussi à fabriquer des balais ou pour faire de la vannerie.

 

¤¤ Une fois la zone dégagée, il est nécessaire de réaliser une sélection des arbres qui entreront dans la composition de la haie en enlevant ceux qui n’y trouveront pas leur place, c’est-à-dire les arbres d’essences mal adaptées au plessage ou indésirables dans le type de haie réalisée, ainsi que les arbres trop désaxés par rapport au linéaire. Il faudra également éliminer les principales branches gênantes pour le plessage.

De jeunes troncs bien verticaux (les montants) seront laissés à intervalle régulier et coupés à 1.20 mètre environ, ils seront complétés par les piquets refendus préparés avant l’opération et formeront une chaîne sur laquelle sera tressée la haie.

La distance entre chaque montant de la chaîne est d'environ 30 à 50 cm. Les baliveaux destinés à être pliés seront sélectionnés selon leur vigueur, leur hauteur et leur diamètre.

Les arbres trop âgés, les ronces, les buissons seront retaillés au ras du sol.

 

¤¤ L'opération la plus délicate consiste à entailler la base des arbres ou arbustes jusqu’au 2/3 ou au 3/4 de la section de leur tronc et jusqu'à 3 à 5 cm du sol, à l’aide d’une serpe, afin de les rendre suffisamment flexibles pour pouvoir les courber.

Il faut pratiquer l’entaille avec précaution, sans couper complètement le rameau, et lui conserver une fine lamelle d'écorce, de cambium et d'aubier. Le coup porté avec la serpe sur le rameau doit être bien maîtrisé pour obtenir une coupe lisse et nette.

Une fois suffisamment entaillé, le «chicot » ou « talon » restant est éliminé en effectuant une coupe en biseau à la scie, sous l’entaille de telle façon que l’eau ne stagne pas et ne favorise l’invasion des champignons et des bactéries .

 

¤¤ Ainsi, Les arbres peuvent ensuite être entrelacés autours de piquets plantés de manière régulière et d’arbres laissés non pliés, servant ainsi de piquets vivants.

Les baliveaux sont généralement tous pliés dans le même sens - un droitier plie toujours vers sa gauche - et du côté montant de la pente. Un angle de pliage constant de 30 à 45°est maintenu afin de faciliter la montée de la sève et le départ de végétation au printemps.

Pour maintenir cet angle constant, un bourrage intermédiaire de branchages d'épineux est parfois utilisé.

Les troncs et branches ainsi pliés et entrelacés sont éventuellement maintenus en place par des liens d’osier afin d’éviter leur déplacement après l’entaille et leur positionnement ou pour éviter que les vaches ne remontent avec leurs cornes tout le travail de vannerie qui vient d'être achevé et pour solidariser la haie dans ses premiers temps compte tenue du de sa fragilité après l'entaille.

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

Action sur les arbres

 

Il en résulte deux effets sur le développement des arbres, qui viennent assurer la solidité de l’ensemble ainsi tressé : D’une part, au niveau des branches ainsi placées à l’horizontal, ce sont les rameaux latéraux, désormais situés dans une position qui leur est plus favorable vis-à-vis de la lumière, qui vont se développer de manière verticale et venir s’enchevêtrer les uns aux autres, ainsi qu’avec les brins couchés. Pour renforcer ce processus, il est nécessaire de venir sectionner les bourgeons apicaux situés à l’extrémité des branches principales, car ce sont ces bourgeons qui stimulent prioritairement la croissance de l’arbre en longueur.

D’autre part, au niveau de l’entaille, un bourrelet de cicatrisation va se former et les bourgeons latents situés au niveau de la coupe et en dessous vont se développer. Les nouveaux rameaux ainsi formés auront une croissante verticale et viendront à leur tour s’emmêler autours des branches initialement pliées et passant au dessus. Ce sont ces deux mécanismes qui font que la haie plessée devient à terme un ensemble solide, dans lequel chaque arbre est lié à ses voisins par l’enchevêtrement des nouvelles branches.

Action sur la biodiversité

 

La haie est un lieu de vie pour une faune et une flore diverses : elle offre pour de nombreux animaux des habitats de reproduction, de la nourriture, des refuges. Elle joue un rôle de réservoir biologique et cynégétique, avec des écosystèmes très différents.

Le flanc du talus exposé au soleil accueille les reptiles, comme le lézard des souches.

Le fond humide du fossé abrite par exemple la rainette arboricole.

Grâce à ses essences diverses et adaptées au climat et au sol, la haie abrite une faune utile aux cultures environnantes. La chouette ou la hulotte qui nichent dans les creux des arbres chassent loirs et lérots. Les hérissons qui se réfugient à l’intérieur des haies denses mangent les limaces. La mésange qui se reproduit dans la haie consomme des chenilles en abondance. Au printemps, la haie fleurie est une source importante de pollen et de nectar pour les abeilles.

Un réseau continu de haies joue également un rôle très important de corridor biologique, c’est-à-dire qu’elle permet une circulation pour la faune sauvage, indispensable au brassage génétique des populations. Si la haie classique présente différentes strates en hauteur : strate herbacée, strate arbustive et strate arborée, la haie plessée ne comporte pas de strate arborée, et n'abrite donc plus la faune spécifique de cette strate. Par contre la densité de la haie plessée, accrue par rapport à une haie non taillée, permet une nidification supérieure pour les oiseaux, qui profitent de la forme et de l’épaisseur de la haie, et des creux dans les arbres dus aux tailles répétées. Les oiseaux rencontrés sont multiples : nicheurs au sol comme les gallinacés, ou appréciant les buissons comme la fauvette, ou le bruand. Ils viennent des lisières comme le pipit des arbres.

La couleuvre à collier apprécie le couvert dense de la haie. Le mulot gris ou la musaraigne couronnée fréquentent les haies, comme la fouine. Du fait de l’entretien régulier la haie plessée offre une floraison abondante favorable aux insectes.

 

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

Pour plesser nos haies nous utilisons essentiellement

 

¤ Des serpes à plesser ou serpes à manche court

¤ De gants en cuir

¤ D'une faucille sans le marteau

¤ De sécateurs et de scies

¤ De maillet pour enfoncer les piquets

 

 

 

 

 

 

 

 

Certains arbres présent ne sont pas plessés

 

Les tiges bien verticales, solides, et dans l’axe de la haie, sont choisies pour devenir des piquets vivants : les piquets, morts ou vivants, sont nécessaires au plessage à intervalles réguliers : tous les 30 cm environ. Ces tiges sont taillées à hauteur constante. En général, la hauteur choisie est d’environ 1,50 mètre. Ces tiges sont coupées en biseau et conservées pour consolider l’ouvrage. Les piquets vivants constituent l’ossature de la haie. Ils seront complétés par des piquets plantés.

Les arbres présents dans la haie, s’ils sont trop épais pour être plessés ou pour servir de piquets vivants, ne sont pas tous abattus. Ils peuvent être menés de différentes manières.

L’arbre têtard ou d’émonde : pour cela, on élague ces arbres dans la haie. On peut aussi en créer de nouveaux.

La taille périodique permet de récolter les branches (ou les feuilles si la coupe est faite en fin d’été). Ce mode de taille permet d’allier longévité de l’arbre et production durable de combustible.

 

Pour créer un arbre têtard, souvent de chêne ou de frêne, le tronc est coupé net à une certaine hauteur. Une faible hauteur, par exemple 1,50 m à 2 m, facilite un élagage périodique de toutes les branches. La fréquence est ensuite variable, mais, pour notre part, nous le faisons tous les 10 ans.

 

Pour obtenir une émonde, toutes les branches latérales de l’arbre sont élaguées à la hache. La coupe démarre au sommet de l’arbre et se poursuit jusqu’à la base. Les émondes les plus fréquentes sont des chênes. Cette pratique est encore courante autour de la ville de Rennes. Nous faisons un émondage tous les 7 à 8 ans.

 

L’arbre de belle venue ou de haut jet, aussi appelé coupelle ou futaie : il est destiné à fournir ultérieurement du bois d’œuvre que nous utilisons en menuiserie, en ébénisterie ou pour nos charpentes. Pour obtenir un tronc haut et droit, les branches latérales sont émondées soigneusement et fréquemment jusqu’à une hauteur de 4 à 6 mètres pour éviter les nœuds dans le bois.

La cime est laissée ce qui donne parfois à l’arbre une forme de coupe.

Nous utilisons de nombreuses essences : châtaignier, chêne, érable, frêne, hêtre, merisier, peuplier, tilleul. Ces arbres ne sont exploitables qu’âgés de plusieurs dizaines d’années.

 

Les arbres que l’on ne veut conserver ni en têtards ni en arbres de haut jet, s’ils sont en surnombre par exemple, sont recépés. Pour cela, l’arbre est abattu à la hache, très près du sol, pour être ensuite débité. Les années suivantes, les nombreuses repousses provoquées par le recépage forment une touffe de brins vigoureux. La cépée est aussi appelée tassée : tassée de châtaignier par exemple.

L'entretien de nos haies plessées.

 

Une haie plessée nécessite un entretien réduit, sa croissance étant ralentie par les entailles pratiquées sur les rameaux.

Elle se régénère naturellement, des rejets verticaux apparaissent le long de la plesse au-delà de l’entaille. Elle résiste au vieillissement beaucoup mieux que les clôtures de bois mort.

Une haie plessée peut être laissée sans entretien pendant 50 ans, même s'il vaut mieux y faire un entretien régulier tous les 10 à 15 ans.

La haie plessée peut aussi être entretenue de différentes manières. A proximité des habitations ou des cultures, il est intéressant de conserver une haie basse et buissonnante. Dans ce cas, il faut couper régulièrement la haie au-dessus de la parure.

Il est possible aussi de laisser la haie monter en hauteur pour obtenir un petit brise-vent. Dans ce cas, il faut couper régulièrement la haie latéralement.

La taille en trapèze favorise une exposition maximale de la haie aux rayons du soleil, et densifie la base. Si la haie est taillée tous les ans, le travail est relativement facile car les brins sont encore tendres et fins. Mais dans ce cas il n’y a pas de récolte de bois.

Une taille annuelle permet de conserver au fil des années la faible épaisseur ou la faible hauteur de la haie.

 

En ce qui concerne les haies qui entourent et protègent notre village ainsi que celle qui entourent les terres sur lesquelles nous vivons, mes ancêtres les ont créés de la manière suivante :

¤une haie sèche d'épineux,

¤de part et d'autre de cette haie sèche, une haie pléssée avec encore une fois de nombreux épineux.

¤vers l'extérieur, juste devant la haie, une haie haute composée de prunelliers, d'aubépines, de robiniers, d'églantiers grimpants et épineux, de ronces, mais aussi de berberis de hauteurs différentes et de jujubier aux épines en forme de hameçon.

¤vers l'intérieur, en laissant un espace de 2 mètres pour le circulation, une autre haie composée d'arbres de haut jet, d'arbres fruitiers et toujours d'arbres épineux.

Rien ni personne ne passe à travers....

Comme au temps des gaulois qui protégeaient ainsi leurs villages ou comme les peuples germains de la même époque qui vivaient dans les forêts en entourant leurs zones de vie d'un labyrinthe de d'arbres et de plantes entremêlés et infranchissables. Les légions romaines en ont fait la triste expérience.

Notre protection contre les bandes de pillards qui jadis sillonnaient les routes à toujours été d'une efficacité à toutes épreuves.

En ce qui concerne les haies qui entourent nos différentes zones de vie sur la terre que nous occupons, elles sont soit des haies hautes brise-vents, soit des haies basses plessées, mais toutes sont des haies de rapport, comestibles, fourragères et brise-vue. Certaines sont épineuses et d'autres pas, et certaines sont essentiellement mellifères afin d'y attirer les abeilles et autre butineurs, mais de celles-ci et de leur constitution je vous parlerais une autre fois.

 

Aujourd'hui, les choses se sont apaisés, nous voyons, de temps en temps, passer des groupes de gens redevenus nomades.

Ils vivent en tribus comme des chasseurs-cueilleurs du début de l'humanité ainsi que de récupération de tout ce qu'ils peuvent trouver, notamment les métaux, dans les décombres et les ruines des anciennes cités des Hommes.

La majorité d'entre-eux sont pacifiques. Nous leur ouvrons nos portes et nos cœurs et faisons du troc avec eux (métaux, objets mécaniques,batteries solaires, soufre,....).

Un champ collectif ainsi qu'un bout de forêt sont laissés à leur usage.

Ils y trouvent des abris en bois et en terre-pailles (équipés de toilettes sèches) pour eux et pour y laisser leurs animaux en liberté.

Nous leurs fournissons de la nourriture et nos forgerons fabriquent de nouveaux outils avec les métaux qu'ils nous rapportent. Nous réparons leurs chariots et, le soir au coin des feux, nous écoutons les histoires qu'ils nous racontent sur leurs périples et avons ainsi une connaissances du monde et des nouvelles des autres communautés lointaines.

Les choses se passent bien et nous vivons paisiblement, en harmonie avec nous-même, les autres et la Nature.

Toujours penser global. Le village, la région, le « pays », le continent et le monde. Le vivant.

Toujours agir local. Le jardin, le terroir, les voisins, la communauté, le village. Et encore le vivant.

Prendre soin des Hommes, prendre soin de la Terre et de tout ce qui y vit, partager les richesses et les surplus.

Notre monde est redevenu résilient et nous vivons dans ce qui se rapproche le plus d'un jardin d'éden.

 

 

River « Eaux Vives » Sandoval, Communauté des Gardiens de la Terre, Centre France, septembre 2203

CHRONIQUES DES SOLS VIVANTS #5.2 : POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHES, PLESSAGE, TROGNE, ET EMONDE

Marc et Naomi pour les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d'Espoirs


 

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Sources : Marc Bonfils, Wikipédia, Encyclopédie Universalis, Sciences et Vie, Permaculture Design

 

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