POST IT : Journal d'un confiné #2 Journée d'un con final

30 Mars 2020

Jour 849 (enfin je crois)

Cela fait longtemps que j'ai fini par perdre le compte des jours qui passent.

Depuis combien de temps je n'ai plus foutu les pieds hors de chez moi ?

Dehors plus de bruits humains, ou presque.

Ah le bruit des bagnoles sur la route et des hélicos au dessus de ma tête me manquent terriblement.

Encore quelques personnes qui applaudissent aux fenêtres à 20h00.

Pour qui ? Pour quoi ?

Les coupures d'électricité, de plus en plus longues et fréquentes, n'aident pas à garder les téléphones et @ actifs et les informations sur le monde extérieur ne m'arrivent que par bribes.

Ils ont parlé de plusieurs milliards de morts dans le monde et d'une nouvelle forme de gouvernance mondiale.

Laquelle ?

Et que reste t-il à gouverner ?

Hier, où bien étais ce la semaine dernière, je suis sorti pour voir s'il n'y avait pas un commerce ouvert.

Je manque de plusieurs choses de premières nécessités.

J'ai croisé un camion de militaires et je me suis caché, il paraît qu'ils tirent à vue sur ceux qui sortent sans autorisation gouvernementale.

Devant le supermarché il y avait une voiture de police. Rien ne bougeait à l'intérieur.

Je me suis approché à travers les herbes hautes qui ont remplacées le parking. Rampant pour ne pas être vu ni entendu. A l'intérieur de la voiture il n'y avait plus que 2 cadavres, tout desséchés, en uniforme, et portant gants et masques.

Dans le quartier nous ne sommes plus très nombreux.

Je me sens parfois dans la peau de Robert NEVILLE, le survivant du bouquin de Richard MATHESON.

Cela fait des mois (?) que l'on entends plus le bruit des tondeuses.

J'ai entraperçu l'un de mes voisins en train de chasser les taupes. Il faut bien dire que depuis que les chiens et les chats ont disparus sous formes de churrascos dominicaux, nous nous sommes rabattus sur les micro-mammifères et les oiseaux.

Hérissons, taupes et écureuils sont aux menus depuis quelques temps déjà.

Il paraît même qu'Alain Bougrain-Dubourg avait sorti une vidéo YouTube sur le piégeage des petits oiseaux et qu'il y fournissait quelques délicieuses recettes pour mieux les accommoder avec une petite salade d'orties, de menthe et de gaillet grateron.

Quand je pense à tous ces écolo-gaucho-bobos qui nous parlaient de la perte de biodiversité, de 6ème extinction massive des espèces et d'effondrement génétique, ils sont servis ces cons.

Nous avons tout plein de virus qui se reproduisent à la vitesse de l'éclair, qui mutent pour franchir allègrement la barrière des espèces et venir nous infecter.

Effondrement mes fesses.... Et je reste poli.....

Ce putain de virus, s'il a permis à la planète de respirer en nous niquant les poumons à fait du mal à notre économie si prospère et à notre mode de vie.

J'étais un banquier heureux, gros, gras et ventripotent, j'achetais et je vendais des actions sur les marchés du monde entier en en retirant de gros bénéfices. J'accordais des prêts à tour de bras à des pauvres gens qui s'endettaient sur 20 ou 30 ans, et gare à eux s'ils ne pouvaient rembourser une échéance, au nom de la banque je saisissait tous leurs biens et ils se retrouvaient gros Jean comme devant, à la rue, avec juste leurs yeux pour pleurer.

J'avais une cuisinière pour me faire à manger, un jardinier pour entretenir ma belle haie de thuyas et tondre à la perfection mon gazon anglais, un chauffeur pour conduire mon SUV et une femme de ménage pour nettoyer mon humble demeure de 2 étages.

Maintenant, ma maison est dans un état lamentable, les poussières s'accumulent, je dois gratter la terre, me salir les mains pour cultiver des légumes, quelle galère, moi qui avait toujours les mains et les ongles manucurés, et je dois cuisiner moi même ce que j'arrive à produire.

Les ronces occupent désormais une partie grandissante de ma si belle pelouse et le reste n'est que pissenlits, boutons d'or, pâquerettes et autres saletés de fleurs qui attirent tout un tas d'insectes bourdonnant.

Le soir je n'ose plus sortir sur ma terrasse envahie par les mauvaises herbes car les fouines, les belettes et le renards viennent y chasser les rongeurs.

La vie sauvage occupe de plus en plus notre place.

Heureusement, le virus n'a pas muté plus que de raison et je suis persuadé que le gouvernement (vraiment?) vas très rapidement nous approvisionner en masques et en gel hydro-alcoolique et que les scientifiques survivants vont enfin trouver le vaccin.

Avant le pic de la pandémie, j'ai massivement investit dans les actions des plus grands groupes pharmaceutiques. Et aussi dans l'armement.

Quand les bourses repartiront, je vais me faire des couilles en or.

Et très vite en plus.

J'ai plein de projets pour le jour d'après

Je ne m'inquiète nullement pour ça.

Pour moi, des cieux vont pleuvoir les millions.

Marc pour les Enfants de Gaïa, Gardiens de la Terre, Semeurs de Vie, Passeurs d'Espoirs

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